La contribution de la femme dans l’émergence du Sénégal à travers le volet autonomisation
Mesdames les Invites et membres de l’UNAFESED,
Avec le Plan Sénégal Emergent (PSE), le Sénégal a amorcé le plus ambitieux programme structurel de son histoire. Articulé autour de trois axes :
- Transformation structurelle de l’économie et croissance ;
- Capital humain, Protection sociale et Développement durable ;
- Gouvernance, Institutions, Paix et Sécurité.
L’inclusion et l’appropriation par toutes les franges de la population sénégalaise reste la condition sine qua non de la réussite de ce plan. La contribution de la femme sénégalaise, en particulier, vous mesdames, les initiatrices de cette réunion, demeure indispensable au succès du PSE.
Madame la Présidente de l’Union Nationale des femmes Entrepreneures Solidaires pour un Sénégal Emergent, et vous toutes, membres de cette association, je vous félicite d’avoir déclenché ce dialogue avec vos paires, pour éclairer davantage, tous les acteurs concernés, sur la portée et l’importance du PSE pour des femmes entrepreneures comme vous, dans tous les domaines du développement économique du Sénégal.
Mais, une telle invite à l’attention des femmes ne constitue nullement une nouveauté. Le PSE vient conforter une dynamique institutionnelle enclenchée par le Sénégal depuis les premiers gouvernements de notre pays. En effet, le principe de l’égalité femmes-hommes résulte de l’article 3 de la Constitution du 24 janvier 1959. Il sera repris par les articles 7 des constitutions du 26 aout 1960, du 07 mars 1963 et du 22 janvier 2001. Il convient aussi, de mentionner le vote de la loi n°2010-11 du 28 mai 2010 instituant la parité absolue Homme-Femme dans les fonctions électives et partiellement électives.
Il importe d’inclure à cet élan institutionnel national, les instruments juridiques internationaux ratifiés par notre pays. Il s’agit, entre autres et plus particulièrement, de la Convention des Nations Unies du 18 décembre 1979 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et du Protocole additionnel à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes, communément appelé « Protocole de Maputo» du 11 juillet 2003.
Il faut cependant souligner que le PSE apporte une nouveauté en allant plus loin. Il dissèque nos différents programmes de développement et leur dessine de nouvelles trajectoires qui, à terme, doivent nous permettre d’atteindre nos objectifs de développement plus rapidement et de nous installer dans le développement et la modernité.
Les trois Axes prioritaires du Plan Sénégal Emergent constituent autant de leviers qui favorisent l’émergence économique de notre pays y compris donc celle de la femme sénégalaise qui, en milieu rural, vit essentiellement de l’agriculture, alors qu’en zone urbaine, elle se consacre principalement aux activités informelles. Il faut que cela change ! Vous pouvez inverser la tendance en investissant les programmes du PSE et en contribuant à leurs réussites.
Une transformation structurelle de notre économie ne peut se faire sans l’implication des femmes. Actrices principales du secteur primaire, elles produisent, en milieu rural, plus de 80% des cultures vivrières destinées à l’autoconsommation. Avec le PSE, les femmes vont aller au-delà de l’autoconsommation et de l’agriculture familiale.
Forces vives du secteur agricole, celles qui sont entrepreneures et portent en elles un certain leadership doivent entreprendre la gouvernance de ce secteur et être à côté des hommes pour décider.
Vous représentez le secteur privé le plus prometteur dans la transformation structurelle de l’agriculture. Je vous encourage à consolider ces avantages en construisant un partenariat public-privé avec l’Etat du Sénégal. Vous pourrez ainsi changer complètement la donne et améliorer, considérablement, la production agricole nationale.
La multiplication de projets structurants, comme le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC), est une preuve éloquente de l’apport du PSE à l’autonomisation des jeunes et plus particulièrement des femmes et des jeunes filles. Il se propose d’apporter des éléments de réponses concrètes et rapides à l’épineuse question de l’emploi des jeunes en milieu rural et de leur insertion, raison pour laquelle le Programme des Domaines Agricoles Communautaires a été conçu et proposé.
Mais la volonté politique de l’Etat du Sénégal en faveur de l’autonomisation des femmes rejaillit avec plus d’éclat à travers le Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC), conçu en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Celui-ci fait de l’autonomisation des femmes et de la dimension genre l’une de ses stratégies de mise en œuvre. Il vise l’installation de cinq mille (5000) équipements de transformation et/ou des décortiqueuses et batteuses à travers les communautés rurales pauvres. Ces équipements doivent conduire à l’implantation d’unités économiques locales, et permettre notamment la création d’activités de transformation et l’augmentation de revenus pour les femmes et les jeunes des communes.
Plus globalement, les femmes seront au cœur du renouveau agricole avec la création prochaine des corridors céréaliers ainsi que le démarrage du Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (PRACAS). Ce dernier programme du PSE, favorisera l’autonomisation économique des femmes par le développement de leurs activités et revenus agricoles; l’augmentation et la création d’opportunités pour leur accès, en milieu rural, aux ressources productives que sont, en particulier, la terre, les intrants, les financements, les crédits, les équipements et infrastructures agricoles.
Les femmes entrepreneures que vous êtes, devez saisir ces opportunités pour encadrer, informer, former les moins nanties et pour augmenter vos capacités de produire des résultats plus globaux.
L’un des principaux facteurs qui limite l’autonomisation des femmes est leur sous-emploi et leur sous-représentativité dans le secteur formel. En effet, selon le Rapport 2015-2016 d’ONU Femmes, 75% des femmes sénégalaises évoluent dans le secteur informel. Le document indique aussi que 75% des femmes sont dans le marché du travail, contre 86% des hommes. Or, l’emploi reste une des priorités du PSE qui vise notamment la création de Petites et Moyennes Entreprises pour booster le potentiel de capacité productive de tous les sénégalais y compris les femmes.
Le PSE offre des cadres de production dans le moyen terme tel que le Projet d’Appui à la Promotion de l’Emploi des Jeunes et des Femmes (PAPEJF). Le PAPEJF est un projet qui vise la création d’emplois à travers la création de centres d’incubation où les jeunes et les femmes bénéficieront de formations professionnelles et techniques dans le secteur de l’agriculture à travers la réalisation de fermes agricoles et aquacoles dans des zones où la protection de l’écosystème constitue, par endroits, un enjeu (le Centre de Ngorom en est la parfaite illustration). Ce sont notamment les régions naturelles de la Casamance (en particulier au niveau des départements de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda), de Fatick, Thiès, de Kaolack et des départements de Guédiawaye et de Pikine dans la région de Dakar.
Plus généralement, avec l’activation du Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP), les femmes pourront amorcer une transition plus douce et sûre vers l’économie formelle. Les bénéficiaires du Fonds sont les PME, les groupements d’intérêt économique de femmes et de jeunes et d’une manière générale, tout porteur de projet ayant trait à une activité créatrice de revenus et d’emplois dans les filières prioritaires telles que l’agriculture, l’agro-industrie, la pêche, l’aquaculture, le tourisme, le textile, l’habitat social et économique, les technologies de l’information et de la communication, les téléservices, les industries culturelles, l’artisanat, les énergies renouvelables, les infrastructures et le transport.
La création de la Banque dédiée au financement des PME : Banque Nationale de Développement Economique (BNDE) participe de cet effort d’accompagnement des PME-PMI et d’autonomisation des femmes, appelées à participer activement à la mise en œuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée du Sénégal et plus globalement au développement du pays.
Le déficit en termes de capital humain des femmes sénégalaises n’est plus à démontrer. Elles constituent la frange la moins instruite et la moins qualifiée du pays d’un point de vue professionnel. On estime ainsi à 37,7% le taux de femmes alphabétisées contre 53,7% chez les hommes. Les femmes gagneraient plus rapidement en autonomie si elles étaient suffisamment alphabétisées et formées.
En portant le PSE sur les fonts baptismaux, notre pays entendait résolument remédier à cette faille de notre société. L’éducation et la formation y occupe ainsi une place importante. Le Plan stratégique pour l’éducation et la formation (PAQUET 2013-2025) représente le socle de la politique nationale en matière d’éducation et de formation qui traduit la Stratégie d’Émergence. Les femmes doivent certainement banquer sur la qualité du capital humain avec laquelle, elles veulent contribuer aux programmes d’éducation du PSE dont les objectifs sont, entre autres, d’atteindre 50% de bacheliers scientifiques, de porter à 50% la part des effectifs de l’enseignement supérieur poursuivant une formation professionnelle.
Il vous faut aussi contribuer à relever ces défis pour offrir plus de débouchés économiques aux femmes et ainsi réduire les inégalités de revenu et de pouvoir en général. Des mesures visant à accroître le droit de regard des femmes sur les ressources du ménage et des lois qui leur permettent d’accumuler plus facilement des avoirs, surtout en renforçant leur droit de propriété, sont à votre portée dans les programmes du PSE .
Le Pilier 3 du Plan Sénégal Emergent constitue un appel aux femmes à s’impliquer davantage dans la consolidation du climat social. Dans ce dernier domaine, les femmes sénégalaises bénéficient d’une solide réputation et d’une expertise que le PSE entend valoriser et fructifier. Vous vous êtes définies ainsi quand je vous ai reçues : des femmes concernées par les problèmes de notre société, car vous avez un tant soit peu un capital qui a généré des ressources que vous voulez utiliser pour consolider la paix, et la sécurité et la bonne gouvernance. Il faut en prendre toute la mesure et mettre en perspectives ce volet du PSE avec la nécessité de mise en œuvre du Plan d’Action National de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
La paix et la sécurité et la bonne gouvernance restent indispensables à la réussite de tout programme économique. Les conflits ont des répercussions néfastes sur la vie économique, sociale, culturelle et politique des populations, particulièrement sur les femmes et les jeunes. D’où la pertinence du PSE de mettre l’accent sur la dimension Paix et Sécurité pour anticiper tout risque de violence et prévenir les conflits. Si vous avez des membres de votre Union, originaires de la Casamance, le PSE est en train de suivre les traces du Programme de Relance des Activités économiques dans les zones de conflits en particulier en Casamance (PRAESC), à travers le Projet Pôle de développement en Casamance dont l’objectif reste l’accroissement de la productivité agricole dans les filières agricoles ciblées en faveur des jeunes et des femmes. Ici aussi, vous devez intervenir en tant qu’entrepreneures, vous pouvez aider à générer un tissu économique sans pareil dans vos différentes localités
En fin de compte, les femmes ont beaucoup à gagner dans le Plan Sénégal Emergent d’un point de vue économique. Sa mise en œuvre déjà entamée, aussi bien en milieu urbain, périurbain que rural, en lien avec le Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC), augure d’un lendemain heureux en direction de l’autonomisation des femmes. Les réformes ambitieuses qu’il porte ou encadre comme la réforme foncière, l’installation de la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE), les fonds spéciaux dédiés aux financements de la productivité locale comme le Fonds de Garantie des Investissement Prioritaires (FONGIP), le Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS), l’Agence sénégalaise de Promotion des Exportations (ASEPEX), sont autant de leviers que les femmes, issues du public ou du privé, peuvent aujourd’hui activer pour plus de visibilité dans les politiques de développement.
Il est grand temps de crever le plafond de verre par plus de proactivité de la part des femmes, par un leadership fort à tous les échelons de la vie sociale car, comme l’affirme Son Excellence Monsieur le Président de la république Macky Sall :
« La réalisation du Plan Sénégal Emergent (PSE) passe, inéluctablement, par une forte adhésion des femmes, pilier essentiel de notre société, ciment de la cellule familiale.»
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