Leadership des femmes Des solutions pour le changement : Les femmes dans la sphère publique
Discours du Pr NDIAYE
Madame la Directrice du Global Women’s Leadership Initiative and Women in Public Service Project,
Excellences,
Distingué-es invité-es,
Mesdames, Messieurs,
Cher-es ami-es,
Je voudrais d’emblée adresser mes sincères remerciements à l’endroit du Wilson Center particulièrement le Global Women’s Leadership Initiative pour la tenue de cette Conférence sur la place de la femme dans la fonction publique.
Je les remercie pour la clairvoyance et la pertinence de la thématique qui sera développée dans le cadre de cette rencontre de Genève. Le but poursuivi par le Global Women’s Leadership Initiative d’atteindre 50% de représentation des femmes dans tous les postes politiques qu’ils soient électifs ou nominatifs d’ici 2050 rejoint notre combat depuis plusieurs décennies pour l’autonomisation de la femme et bien au-delà pour une égalité femme homme dans toutes les sphères d’activités.
Elle rejoint aussi le combat d’illustres hommes et femmes d’Etat dont l’un des plus connus n’est autre que le parrain du Centre, Woodrow Wilson, lui-même. Son engagement pour l’égalité des sexes en matière électoral reste encore intact dans la mémoire collective. Le dix-neuvième amendement de la Constitution des États-Unis du 18 août 1920 donnant le droit de vote aux femmes dans l’ensemble de l’Union constitue un bel exemple de son action en direction de l’émergence d’un Leadership féminin robuste, dans un contexte alors marqué du sceau du conservatisme.
Plusieurs décennies après, la question de l’autonomisation et du leadership des femmes revient toujours avec insistance. Nous l’avons tous- es ou presque soulevé dans nos écrits : promouvoir l’autonomisation économique et le Leadership des femmes revient avant tout à promouvoir leur participation pleine et entière au devenir de leurs sociétés et en favoriser le développement durable.
Nous l’avons également soulevé lors des conférences, et de façon continue, avons lutté pour que cela ne relève plus d’un vœu pieux, mais découle de l’ordre normal des choses. Nous avons pris part à ce noble combat avec enthousiasme. Des efforts se sont multipliés de part et d’autre, allant dans le sens de relever tous les défis qui se posent avec acuité à notre monde, à notre génération.
Mais en avons-nous fait assez pour l’atteinte de nos objectifs, pour arriver à des résultats probants ? Avons-nous suffisamment lutté ensemble? Ou avons-nous fatalement cédé aux sirènes de la lassitude devant l’âpreté du combat dans lequel nous nous étions engagés depuis Copenhague, en passant par Nairobi, Dakar et Pékin?
« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir». Cette maxime du psychanalyste martiniquais, Frantz Fanon, doit être méditée par chacun de nous, dans l’optique de la continuité de notre lutte. La nôtre est toute identifiée
Vous conviendrez avec moi, que, si en 2017, nous en sommes encore réduits à parler d’accès égalitaire des femmes à la fonction publique, à nous poser des questions sur la prise en compte de l’Egalité Femme – Homme dans les politiques et programmes de nos pays, que les femmes constituant 49.7% de la population mondiale ne représentent que 22% des fonctions publiques nationales, c’est qu’assurément toutes les ressources disponibles n’ont pu être mobilisées et les efforts mis en synergie.
Je reste néanmoins persuadée que nous n’avons pas fait le meilleur usage possible des conclusions et recommandations produites, au cours des différentes conférences globales tenues, depuis la décennie 1980 notamment.
D’où les ruptures attendues, ici, à Genève pour crever davantage le plafond de verre!
Ces ruptures doivent se faire dans la manière de penser et de construire nos contributions aux changements requis maintenant dans nos sociétés :
- Comment résoudre le problème de la faible représentativité des femmes dans les fonctions publiques? Quelles solutions innovantes pour arrêter cet éternel recommencement qu’est la quête de plus grande possibilité pour les femmes d’accéder aux emplois de la fonction publique pour une plus grande qualité de vie ?
- Comment réussir la déconstruction des schémas et préjugés défavorables établis ne facilitant pas les ambitions et l’engagement des femmes dans l’espace public par la reconstruction les mentalités à travers la sensibilisation, l’éducation et le plaidoyer institutionnel ?
- Quelle est la qualité des rapports entre les femmes et la politique ? la politique d’état ? la politique de parti ? le pouvoir ? Peut-on essayer ici de régler définitivement les écueils entre notre vie dans la sphère publique et celle dans la vie privée ?
Genève mérite, à cet effet, d’être lue comme une étape clef dans l’accomplissement d’un projet global de paix, d’égalité, de justice en perspective d’un développement soutenu et harmonieux de nos Etats respectifs.
C’est tout le sens et la raison d’être de notre agir en direction de l’Egalite Femme/Homme
Nous voulons ICI à Genève crever davantage le plafond de verre. Pour ce faire, nous proposons :
- De s’attaquer en priorité aux causes profondes de la faible représentation des femmes aux fonctions décisionnelles et d’améliorer l’image des femmes dans la société au moyen de campagnes d’information et de programmes de sensibilisation aux stéréotypes sexistes, aux préjugés conscients et inconscients
- D’appliquer strictement les lois sur la parité pour garantir aux femmes un égal accès effectif aux emplois publics qu’ils soient électifs ou nominatifs ;
- Installer un Observatoire de suivi de ses réformes au plan national et régional ;
- De coordonner le suivi de la mise en œuvre des textes internationaux et régionaux adoptés par les États dans les domaines de l’égalité femme-homme, particulièrement dans l’employabilité publique des femmes ;
- De lutter efficacement contre les violences faites aux femmes et aux filles particulièrement les harcèlements;
- Mettre en place des activités de perfectionnement des compétences et de formation aux fonctions dirigeantes, ainsi que de dispositifs de mentorat, de constitution de réseaux et autres programmes de formation dans les institutions publiques ;
- Mettre en avant les modèles identificatoires féminins présents dans la vie publique, et en encourageant une participation active des hommes à la promotion de l’égalité des sexes.
Notre civilisation a, aujourd’hui, plus que jamais besoin d’un profil nouveau de femmes dynamiques et engagées. Des femmes sur qui nous pouvons compter et qui méritent amplement d’être hissées aux plus hauts niveaux de responsabilités nationales et internationales pour que nos pays produisent les services de santé ; d’éducation, économiques et politiques que nous méritons tous.
Excellences, distingué-es invité-es,
Nous sommes ici pour construire avec vous notre avenir en toute solidarité et pour mutualiser nos actions : nous devons agir ensemble pour ! Nos destins, outre les frontières qui nous séparent, sont liés.
L’Egalité Femme – Homme est un objectif commun qui engage toute l’humanité. Au-delà d’un changement, l’Egalité Femme – Homme dans la sphère publique relève d’un état d’esprit! Agissons pour en constituer, ici à Genève, la locomotive. Engageons à rendre le rêve d’égal accès des femmes à la fonction publique. Nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre.
Oui, nous sommes tous RESPONSABLES et COMPTABLES du monde que nous léguerons à la postérité car, pour reprendre aux mots Woodrow Wilson :« Il ne peut y avoir d’égalité ni d’opportunité si les hommes et les femmes et les enfants ne sont pas protégés dans leur vie contre les conséquences de grands processus industriels et sociaux qu’ils ne peuvent pas modifier, contrôler ou gérer seuls.»
Je veux conclure en renouvelant ma gratitude et ma haute estime du Wilson Center sans qui cette réunion n’aurait pu se tenir. Je reste persuadée que les débats apporteront des solutions en perspective de l’égalité des sexes.
Aux participants à cette rencontre de Genève, je souhaite un plein succès et des échanges fructueux.
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