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Près d’un millier de personnes ont été interceptées en deux semaines au large des côtes libyennes, a indiqué mardi l’agence de l’ONU pour les migrations. Il s’agit de migrants et réfugiés originaires de pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, mais aussi de 17 Libyens.
« Au moins 953 migrants, dont 136 femmes et 85 enfants, ont été renvoyés sur les côtes libyennes au cours des deux premières semaines de 2020 », a déclaré au cours d’un point de presse à Genève, Safa Msehli, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Au cours de la même période l’année dernière, 23 corps ont été récupérés par les garde-côtes et aucun migrant n’a été renvoyé en Libye.
La plupart des migrants ont été débarqués à Tripoli et tous ont été renvoyés dans des centres de détention. Ces migrants de retour font partie des plus de 1.000 qui ont tenté de quitter la Libye par la mer depuis le 1er janvier. Selon l’agence onusienne, ces derniers ont été poussés en partie par « les affrontements les plus violents que Tripoli ait connus depuis le début des hostilités il y a neuf mois ».
Si des équipes de l’OIM sont présentes aux points de débarquement pour fournir une aide d’urgence aux migrants, notamment une assistance sanitaire de base et des dépistages, l’Organisation rappelle que les mesures visant à protéger les vies et à garantir la sécurité de ces personnes ne sont pas en place. Et pour les organismes humanitaires, la Libye n’est pas encore un port sûr en raison de la détérioration de la situation sécuritaire.
Par ailleurs, les navires de recherche et de sauvetage des organisations non gouvernementales (ONG) ont déclaré avoir secouru 237 autres personnes. Mais aux points de débarquement en Libye, les migrants ont indiqué aux équipes de l’OIM que « l’escalade des hostilités » à Tripoli et ses environs ainsi que la détérioration de la situation humanitaire sont les principales raisons de cette hausse des départs.
Selon l’OIM, l’augmentation soudaine actuelle des départs est particulièrement alarmante compte tenu de la capacité très limitée de recherche et de sauvetage en Méditerranée. Le périple reste parfois meurtrier d’autant que la Méditerranée centrale reste la traversée maritime la plus meurtrière du monde.
Des migrants candidats à l’aide au retour volontaire bloqués par l’insécurité
Plus largement, l’OIM n’a cessé de demander « le démantèlement du système de détention et la libération ordonnée des migrants ». L’agence onusienne plaide pour « des solutions de rechange » qui protègent la vie des migrants afin d’alléger les souffrances de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont détenus dans des conditions inhumaines.
« Bien que nos opérations et nos programmes se poursuivent dans tout le pays, ils ont été largement touchés, notamment en ce qui concerne la sécurité des mouvements des migrants vers les points de transit et les aéroports », a fait valoir Federico Soda, chef de mission de l’OIM en Libye.
Sur un autre plan, plus de 1.000 autres migrants qui se sont inscrits au programme de retour humanitaire volontaire de l’OIM sont toujours bloqués en Libye en raison de la situation sécuritaire. L’environnement difficile et peu sûr de la capitale du pays a perturbé les activités aériennes, entravant ainsi une importante ligne de vie pour les migrants bloqués.
« Un minimum de sécurité est nécessaire pour que nous puissions aider en toute sécurité les 500 personnes qui doivent rentrer chez elles dans les jours à venir », a ajouté M. Soda.
Plus de 110.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la Méditerranée en 2019 alors que 1.283 décès ont été enregistrés sur les trois principales routes de la mer Méditerranée.
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