La Journée internationale des migrants constitue un temps fort pour l’ensemble des Institutions, des ONGs, des mouvements associatifs engagés sur la question des migrations dans le monde et nos pays, autant dans l’accueil et l’accompagnement des personnes migrantes que dans les missions de plaidoyer visant à informer et communiquer, à interpeller, sensibiliser et aiguiller les pouvoirs publics.
Le thème de cette année est « Honorer les contributions des migrants et respecter leurs droits ». La raison de ce thème particulier peut s’expliquer par le fait que, le respect des droits des migrants pourrait être le meilleur moyen de promouvoir la souveraineté d’un État dans un monde interdépendant. La protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales ne devrait pas dépendre du pays où l’on vit.
L’Observatoire Sahélien des Migrations (OSM), travaille sur tous les objectifs de reconnaissance et d’acceptation des valeurs consubstantielles à la qualité du processus migratoire en lui-même. C’est un processus difficile et pas souvent correctement compris.
C’est pour cela qu’il travaille, en coopération et en synergie avec tous les partenaires qui s’intéressent à trouver réponse correcte aux droits à la mobilité de nos populations.
Pour contribuer et marquer la journée internationale des migrants de cette année (JIM 2023), les membre de l’Observatoire Sahélien des Migrations (OMS) et leurs partenaires considèrent aujourd’hui, et trouvent important de soulever ces questions critiques : Pourquoi les pays et gouvernements africains ont si peu de capacité et de détermination pour initier une gouvernance correcte de la migration ? Pourquoi les gouvernements africains ne prennent pas d’initiatives efficaces pour répondre aux besoins de leurs populations migrantes et à ceux qui potentiellement sont capables de partir ?
A ce jour, le cercle vicieux reste des plus clair : « causes ↔ départs↔ échecs↔ violences et non-respect des droits fondamentaux des droits humains des migrants……… ce sempiternel cercle dont tout le monde (gouvernements comme sociétés civiles) parlent sans trouver les réponses adéquates aux raisons qui nous permettraient de sortir de ce bourbier avec intelligence et dignité est connu de tout le monde et tout le monde en parle.
Il est temps, pensons-nous, de demander à nos gouvernements pourquoi les structures nécessaires à une prise en charge correcte de nos mobilités et que les acteurs et les chercheurs dans ce domaine demandent de mettre en place depuis ne le sont pas ? Quelles réponses concrètes opposer à cette douloureuse déferlante de femmes ? de jeunes garçons et filles que nous perdons sous nos yeux ? Comment construire une stratégie nationale et régionale adéquate au moment où l’Europe et l’Amérique s’organisent comme nous le savons et que l’Amérique centrale devient une zone de transit pour les migrants des pays du Sud vers ceux de l’Amérique du Nord ?
Telle est la problématique principale aujourd’hui si on veut éviter d’entendre les sempiternelles questions dont tout le monde connaît les réponses.
Nous voulons donc interpeller nos dirigeants, et notre population cette année et faire cette note à partager avec eux :
ENGAGEMENT ET VOLONTE POLITIQUE DES ETATS POUR UNE BONNE GESTION DES MIGRATIONS.
En effet, les constats sont faits et les conséquences néfastes de l’absence d’une bonne gouvernance des migrations ne sont plus à démontrer.
La violation des droits humains et sociaux des migrants, les politiques exclusivement sécuritaires des pays européens, les politiques de jeunesse et d’emplois inappropriées des pays Africains sont toujours d’actualité. Les programmes et projets migratoires qui ne répondent ni à nos priorités de développement ni à nos contextes socioéconomiques laissent voir une urgence d’agir qui interpelle tout le monde certes, mais nos gouvernants au premier rang.
Au Sénégal, nous observons un certain engagement dans la disposition d’instruments de gestion des migrations, exemple : la validation politique de la stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (SNLMI) et du document de politique migratoire nationale (PMN) ; cependant, dans leur mise en œuvre, il est difficile d’affirmer une réelle volonté politique.
Les chiffres de la migration irrégulière (octobre 2023 : 4471 migrants irréguliers dont 224 Femmes 201 MINEURS) dont nous doutons, laissent apparaitre une féminisation et une juvénilisation du phénomène, mais concrètement sur le terrain, il urge de voir des actions concrètes et des résultats palpables pour atténuer les effets dévastateurs du phénomène.
Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (PMM) adopté depuis 2018 est signé par le Sénégal ; mais quel est le cadre ou la stratégie mis en place pour son implémentation ?
D’une manière générale on note le manque de transparence et de consultation sur les accords bilatéraux de main d’œuvre et de sécurité sociale qui sont en vigueur au Sénégal.
Quant aux instruments de l’OIT qui garantissent les droits des travailleurs migrants (les conventions N° 97, 143, 181, 189 etc.), malgré les actions des syndicats, ils ne sont pas toujours ratifiés par le Sénégal.
Tout cela nous amène à la question suivante : nos gouvernants comprennent-ils les effets positifs d’une bonne gouvernance des migrations sur le développement de nos pays.
Constater la non prise en compte prioritaire de la migration irrégulière depuis 2006 au Sénégal nous enseigne que nos gouvernements voguent dans l’incohérence, la non territorialisation des politiques migratoires ou même la non décentralisation des compétences aux collectivités territoriales devant intervenir en collaboration avec la société civile enfin la non harmonisation des conventions de la migration dans les politiques nationales ou stratégies nationales.
Comment atteindre mes objectifs d’une stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière sans adopter la loi de la migration à l’assemblée nationale ?
L’absence de volonté politique nationale des pays africains (UA – CDEAO) engagés au pacte mondial de la migration est la seule preuve de l’inaptitude à gérer la migration sans la société civile et les institutions partenaires des Nations-Unies.
A suivre !!!
Les membres de l’OSM, les partenaires, et chercheurs.
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