Une intervention policière dans la forêt de Boulingo, dans le nord du Maroc, a provoqué la mort d’un migrant guinéen, samedi soir. Selon un témoin de la scène, joint par InfoMigrants, l’homme est décédé après avoir reçu un coup de matraque à la tête. Les associations dénoncent des opérations de police de plus en plus violentes. Les migrants présents ont ensuite manifesté pour protester contre la mort de leur camarade mais ils ont été interpellés par les forces de l’ordre et emmenés dans le centre d’enfermement d’Arekmane.
« Environ 150 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été arrêtées suite à cette manifestation », signale Omar Naji, président de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) Nador. « Les autorités veulent cacher la vérité, sinon pourquoi enfermer les témoins de la scène ? », s’interroge-t-il. Entre 2 000 et 3 000 migrants, désireux de rejoindre l’Europe via l’Espagne, vivent dans la forêt de Boulingo dans des conditions dramatiques. Leurs journées sont rythmées par les interventions policières, qui se font généralement le soir, en pleine nuit.
Selon Hassan Ammari, militant des droits de l’Homme et membre d’Alarm Phone au Maroc, les interventions policières sont, depuis un an et demi, de plus en plus violentes. « Nous sommes revenus à la situation d’il y a 10 ans », estime l’activiste, contacté par InfoMigrants. « Les choses s’étaient un peu calmées mais depuis début 2018, on assiste à une recrudescence des violences envers les migrants : agressions, refoulement vers le sud du pays, enfermement… sont leur lot quotidien ». Selon Omar Naji et Hassan Ammari, le Maroc utilise l’immigration pour faire pression sur les États européens, notamment l’Espagne, en première ligne face à l’arrivée de migrants. « Rabat joue le rôle de gendarme de l’Europe et sert les politiques migratoires de l’Union européenne. Ils empêchent les migrants de traverser la mer en échange d’importantes subventions », souffle le président de l’AMDH Nador.
Face à l’imposante présence policière dans le nord du royaume, les migrants tentent de plus en plus le passage vers le Sud, via les îles espagnoles des Canaries. Un changement de route qui n’étonne pas les humanitaires. « Les migrants s’adaptent et trouvent d’autres moyens pour échapper à la surveillance policière », observe Hassan Ammari pour qui, « cette politique sécuritaire est ainsi vouée à l’échec ».
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