Atelier de Renforcement de capacités des associations casamançaises de femmes sur la mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (Région de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou)
INTRODUCTION
Les femmes en Afrique bâtissent la paix dans les communautés depuis des siècles. Toutefois, l’importance de la participation des femmes aux processus de paix formels pourrait gagner du terrain avec l’adoption de la Résolution 1325 (2000) des Nations Unis. Elle représente un cadre approprié d’échanges, de discussions et de prise en charge à tous les niveaux des questions relatives à la paix et la sécurité des femmes dans les zones de conflits, post-conflits et non conflictuelles.
L’Union Africaine et les organes régionaux ont institué plusieurs mesures politiques pour aborder l’inégalité des sexes et l’implication des femmes dans les efforts nationaux d’édification à la paix. Les protocoles de l’Union Africaine relatifs à la Charte Africaine sur les Droits de l’Homme et des Personnes relatifs aux Droits des Femmes en Afrique de 2005, et la Déclaration Solennelle des Chefs d’Etat sur l’égalité des sexes sont deux documents qui engagent les pays membres. Ces derniers doivent s’assurer de la participation des femmes aux structures de prise de décision des processus de paix aux niveaux local, régional et continental.
Malgré cela, il y a toujours un nombre de défis et de contraintes dans la quête de l’égalité des sexes et l’implication effective des femmes.
CONTEXTE
Malgré la Convention de 1979 sur l’Elimination de toutes formes de Discrimination contre les Femmes (CEDAW) et la Plate-forme de Beijing de 1995, il existe toujours une discrimination notamment en matière de lois traditionnelles qui donnent aux femmes une position secondaire. En effet, récemment, dans bon nombre de pays africains post-conflits, on peut constater quelques avancées significatives dans la participation des femmes aux processus de prise de décision et de la paix. Par exemple, le Libéria a marqué l’histoire en 2005 en élisant pour la première fois une femme comme Présidente de la République en Afrique, Ellen Johnson-Sirleaf. Ceci a permis à d’autres femmes d’occuper des postes stratégiques au sein des Gouvernements comme c’est le cas des quatre (04) actuelles vice-présidentes de la Gambie, de l’Afrique du Sud, du Zimbabwe et du Burundi. En 2005, le Rwanda a enregistré la plus grande représentation féminine mondiale au parlement avec 48% de femmes à l’assemblée. Les assemblées du Rwanda, de l’Afrique de Sud et du Mozambique se placent parmi les 17 premières Assemblées du monde en ce qui concerne la représentation féminine. Malgré cette augmentation appréciée de l’effectif de femmes dans les positions de prise de décision, des initiatives de construction de capacités adéquates sont aussi très nécessaires.
Dans certains pays, il a été adopté des lois et politiques pertinentes dont les objectifs sont la promotion de l’égalité du genre, la parité absolue et le renforcement du pouvoir des femmes. Toutefois, leur mise en place est lente et inégale à travers le continent africain. De ce fait, les femmes sont encore sous représentées aux postes de décisions au sein des gouvernements, de la société civile et du secteur privé dans presque tous les pays africains.
En matière de représentation et participation des femmes aux postes de décisions et de pouvoir, les pays africains qui ont mis en place des mesures positives telles que les quotas électoraux (quotas législatifs ou constitutionnels et quota volontaire de parties) ont connu des succès en termes de sièges occupés par des femmes en comparaison des pays sans quotas.
Certains pays comme l’Angola, le Burundi, le Mozambique, l’Afrique du Sud, le Rwanda et l’Ouganda ont atteint le benchmark de la plateforme d’action de Beijing d’au moins 30% de représentation féminine au parlement. Le Rwanda a le pourcentage le plus élevé de femmes élues au monde avec 56, 25%. Le Sénégal quant à lui a récemment voté une loi sur la parité dans les listes électorales.
Dans cette optique, des progrès significatifs ont été réalisés pour augmenter la participation et représentation des femmes en nombre et en qualité particulièrement au niveau parlementaire et législatif. Cependant, en comparaison avec leurs homologues masculins, les femmes continuent à faire face à des obstacles dans leur participation à la gestion économique, sociale et militaire de leur pays et sont clairement sous représentées à tous les niveaux de prises de décision (local, national, régional, départemental et communautaire). La participation et la représentation inégales des femmes et des hommes sont évidentes comme en témoigne la prédominance des hommes parmi les députés, les ministres, les juges, les militaires, les autorités locales, nationales et régionales, les chefs d’Etat et de gouvernement, et les dirigeants du secteur privé.
Individuellement, les mesures positives telles que les quotas électoraux sont insuffisants et n’éliminent pas toutes les barrières liées au genre rencontrées dans le secteur privé et dans les sphères publiques. De telles mesures politiques positives doivent être renforcées par un plaidoyer de conscientisation pour promouvoir le besoin de participation et représentation égales d’hommes et de femmes.
Les rapports inégaux de pouvoir prédominent dans les institutions publiques et les femmes continuent de faire l’objet de la discrimination lorsqu’elles rivalisent pour occuper des postes dans la fonction publique. Il est nécessaire que les institutions elles-mêmes se transforment afin d’être conscientisées sur les préoccupations du genre en matière de questions de paix et de sécurité.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) a indiqué qu’il demeurait vivement préoccupé par les obstacles persistants qui empêchent les femmes de concourir pleinement à la prévention et au règlement des conflits, de participer à la vie publique dans des situations post-conflits et a considéré que la marginalisation des femmes risquait de retarder ou d’entraver l’instauration d’une paix durable et de meilleures conditions de sécurité, ainsi que la réconciliation.
Pour cela, elle a adopté des résolutions portant sur les femmes, la paix et la sécurité, qui sont d’éminents instruments internationaux qui incluent des dispositions liées aux femmes et au genre dans tous les secteurs y compris celui de la sécurité.
La Résolution 1325 (2000) souligne «l’importance de la participation des femmes à toutes les mesures de maintien de la paix et de consolidation de la paix », incluant la représentation accrue des femmes à tous les niveaux de prise de décision. Elle requiert aussi que tous les acteurs impliqués dans les traités de paix incluent la protection des femmes et des filles et le respect de leurs droits surtout en ce qui a trait à la police, au système judiciaire et aux processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR).
OBJECTIFS DE LA FORMATION
L’objectif global de la formation est d’influencer l’appropriation du contenu et de la pertinence de la Résolution 1325 (2000) du CSNU et suivantes par les associations féminines casamançaises.
Les objectifs spécifiques sont:
- Faire connaître aux associations de femmes casamançaises les 18 Objectifs et 26 indicateurs de la Résolution 1325 (2000) du CSNU et suivantes;
- Renforcer les capacités des associations féminines casamançaises pour une meilleure participation à la mise en œuvre de la RES. 1325 dans leurs localités d’intervention ;
- Analyser le plan d’action régional créé par la plateforme des associations casamançaises;
- De définir des actions prioritaires et des mécanismes susceptibles d’accélérer la mise en œuvre, sur le terrain, des dispositions contenues dans la Résolution 1325 (2000) et suivantes du CSNU et contribuer à cette mise en œuvre;
- Initier une campagne d’information et de sensibilisation sur l’utilisation des résolutions 1325 et suivantes du CSNU;
- Initier un plaidoyer pour influencer l’adoption de mécanismes et techniques susceptibles de promouvoir une participation plus équitable des hommes et des femmes.
RESULTATS ATTENDUS :
- Les capacités des associations féminines casamançaises à utiliser les 18 objectifs et 26 indicateurs de la résolution 1325 du CSNU sont renforcées;
- Les femmes participent de manière effective au maintien et à la consolidation de la paix dans la région casamançaise;
- Des mécanismes et techniques de promotion d’une participation plus équitable des hommes et des femmes sont mis en œuvre par les autorités étatiques
- Une connaissance comparative des actions sous régionales de mise en œuvre des résolutions 1325 et suivantes (Guinée Bissau)
ACTIVITES FUTURES
- Mise en place d’un programme de conseil ou «mentoring» de femmes leaders pour la paix et la reconstruction ;
- Mise en place d’un programme formation de femmes médiatrices pour la paix ;
- Création d’un guide pédagogique des activités de prévention, participation au maintien et à la consolidation de la paix menées sur le terrain et conformes aux resolutions 1325 (2000). Des ébauches de guides pratiques en langues locales existent (WANEP) mais nécessitent une cohérence et vulgarisation.
PARTICIPANTS ET LIEU
L’atelier regroupera 30 représentants d’associations de femmes qui œuvrent pour la paix des régions de Sédhiou, Kolda et Ziguinchor et se tiendra à Ziguinchor (Hôtel Aubert) les 26, 27 et 28 Avril 2011.
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