Le 3 février 2017, les gouvernements européens signaient à Malte une déclaration avec la Libye destinée à « endiguer la migration » vers l’Europe. Trois ans plus tard, les arrivées sur le sol européen ont drastiquement chuté, contrairement au nombre de morts.
Après la vague migratoire de 2015, les Européens décident de déléguer aux gardes-côtes libyens la lutte contre les passeurs : ce sont désormais eux qui interceptent les bateaux chargés de migrants. Ce changement de stratégie a eu des résultats très concrets, explique Yves Pascouau, directeur de programme à l’association Res Publica.
« En terme de réal-politique, ça a eu des effets tout à fait significatifs, puisque les arrivées sur le territoire européen depuis la mer Méditerranée ont considérablement chuté, tant est si bien qu’on est à des niveaux qui sont historiquement bas. Mais deux questions demeurent: la première est de se demander à quel prix, notamment juridique, cet objectif est atteint, et la deuxième est de savoir jusqu’à quand le maintien de cette situation va pouvoir durer. »
40’000 arrestations
Toutefois, si les arrivées ont chuté, la traversée de la Méditerranée est devenue beaucoup plus dangereuse. En trois ans, 40’000 personnes ont été arrêtées en mer et ramenées de force en Libye, malgré la guerre et les mauvais traitements.
« Former et équiper des gardes-côtes libyens de manière à ce que ces derniers puissent retenir sur le territoire libyen les personnes qui ne sont pas en quête de protection internationale pose un vrai problème de droit », explique Yves Pascouau.
Vu les difficultés des Européens à se mettre d’accord, le chercheur ne s’attend pas à ce que la situation s’améliore avant au moins une vingtaine d’années.
Anouk Henry/asch
Source : https://www.rts.ch/info/monde/11062392-les-accords-de-malte-sur-la-migration-par-la-mer-signes-il-y-a-trois-ans.html
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