Les deux navires humanitaires qui effectuaient encore des opérations de sauvetage en pleine pandémie de coronavirus ont été saisis cette semaine par la justice italienne. L’Aita Mari et l’Alan Kurdi dénoncent une décision injuste, alors que plus aucune ONG n’est présente pour porter secours aux migrants en détresse au large des côtes libyennes.
Après l’Alan Kurdi, c’est au tour de l’Aita Mari d’être immobilisé par les autorités italiennes. « On nous a présenté un rapport avec des exigences techniques », précise jeudi 7 mai sur Twitter Maydayterraneo, le collectif espagnol qui affrète l’Aita Mari. « Nous analysons celles qui s’appliquent à notre navire et celles qui ne s’appliquent pas ».
Des saisies jugées injustes par les ONG
Les deux navires humanitaires estiment que ces nouvelles saisies sont injustes et infondées. « La raison (de l’immobilisation du navire) serait des défauts techniques, alors que le bateau a été complètement révisé au printemps », précise sur Twitter Sea-Eye, qui affrète l’Alan Kurdi. « L’Italie empêche à nouveau le déploiement des secouristes civils en Méditerranée », continue l’ONG allemande.
« Tous les certificats délivrés par l’Espagne sont en règle », assure de son côté Maydayterraneo.
« Si la ‘sécurité des personnes’ était la priorité, comme disent les garde-côtes italiens, il y aurait des navires de recherche et de sauvetage italiens et européens en mer. Au lieu de cela, la tâche de sauver des vies est laissée aux ONG, qui sont ensuite punies pour perturber leurs missions de sauvetage », affirme, quant à elle, l’ONG Sea-Watch, dont le navire est actuellement amarré dans un port sicilien.
L’Aita Mari et l’Alan Kurdi étaient en effet les seuls à sillonner la mer Méditerranée, en pleine pandémie de coronavirus. Les autres bateaux encore actifs dans cette zone maritime sont à quai depuis plusieurs semaines pour des raisons techniques ou par manque de bénévoles, certains étant mobilisés dans leurs pays respectifs pour lutter contre le coronavirus.
La pandémie de coronavirus complique encore plus le débarquement des migrants
De plus, l’annonce faite en mars par Malte et l’Italie concernant la fermeture des ports, arguant qu’ils ne pouvaient être considérés comme sûrs en raison de la crise sanitaire, complique encore plus le débarquement des migrants secourus en mer.
L’Aita Mari a effectué sa dernière opération de sauvetage le 13 avril au large des côtes libyennes. Après plusieurs jours de négociations, les migrants secourus avaient finalement été transférés sur le ferry italien Rubattino, pour respecter une quarantaine de 14 jours. Ils avaient rejoint 146 autres migrants, sauvés le 6 avril par l’Alan Kurdi.
Le Rubattino, a été autorisé à amarrer en Italie lundi 4 mai mais le sort des migrants sauvés reste flou. L’Italie n’autorise plus les personnes secourues à débarquer en raison de la pandémie de Covid-19. La plupart d’entre eux seront transférés vers d’autres pays européens, mais aucun accord de relocalisation n’a été annoncé.
Jusqu’à présent, seule l’Allemagne a accepté d’accueillir une partie de ces réfugiés, d’après l’ONG Sea-Eye.
Un navire commercial est par ailleurs actuellement en attente de l’attribution d’un port pour débarquer 78 migrants secourus dimanche 3 mai au large de Malte. Rome et La Valette se renvoient la balle et refusent d’en prendre la responsabilité.
SOURCE : https://www.infomigrants.net
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