ELECTIONS PRESIDENTIELLES EN COTE D’IVOIRE Octobre 2015
Le groupe de contact de haut niveau a été constitué par les Nations Unies pour accompagner la Plateforme de veille des Femmes et des Jeunes pour des Elections Apaisées et Crédibles en Côte d’Ivoire pendant l’élection présidentielle du 25 octobre 2015. Il est dirigé par Son Excellence Monsieur Dioncounda TRAORE, ancien Président de la République du Mali et composé des membres suivants:
- Son Excellence M. Ely Ould Mohamed VALL, ancien Président de la République islamique de Mauritanie ;
- Son Excellence Madame Ndioro NDIAYE, ancienne Ministre de la République du Sénégal, ancienne Directrice Générale Adjointe de l’Organisation Internationale des Migrations ;
- Son Excellence Madame Marie-Elise GBEDO, ancienne Ministre de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme de la République du Bénin ;
- M Sékou DIABY Avocat Général à la Cour Suprême, à la retraite, Magistrat Hors-Hiérarchie – Côte d’Ivoire ;
- Imam Moussa DRAME Imam Principal de la Mosquée Fatma Zahara de Grand-Bassam – Côte d’Ivoire ;
- Révérend Père Augustin OBROU, Curé de la Paroisse Saint Jacques des Deux-Plateaux – Côte d’Ivoire.
Ce groupe de contact de haut niveau a pour mission d’entreprendre des actions de facilitation, de médiation préventive ainsi que l’instauration d’un climat de confiance et le cas échéant corriger, prévenir ou circonscrire tout conflit pré ou post électoral potentiel.
A cet effet, le Groupe de contact de haut niveau a rencontré successivement les acteurs de la vie politique et certains responsables des Institutions de la République ivoirienne pour recueillir leurs observations sur
le processus électoral en cours, partager leurs préoccupations et s’assurer de leur volonté de s’inscrire dans une dynamique d’élections crédibles, transparentes et apaisées.
Ainsi du jeudi 22 au mardi 27 octobre 2015 l’agenda ci-joint a été exécuté. Nous avons rencontré le Système des Nations Unies, l’Institut Gorée, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies, Madame Aïchatou MINDAOUDOU, le Président de la Commission Electorale Indépendante (CEI), Monsieur Youssouf BAKAYOKO, le candidat Charles Konan BANNY, le Ministre de la Défense, Paul Koffi-KOFFI, le candidat KONAN kouadio Bertin, le candidat Alassane Dramane OUATTARA, le Professeur Mariatou KONE, Directrice Générale du Programme National de Cohésion Sociale (PNCS) et Secrétaire Exécutive de la CONARIV, Sa Majesté Désiré TANOE, Roi des N’zima Kotoko, ancien Ambassadeur, 1er Vice-Président de la CONARIV, la Mission d’Observation de la CEDEAO et l’Union Africaine, la candidate Henriette Lagou ADJOUA, le Ministre de l’Intérieur, M. Hamed BAKAYOKO, la candidate Jacqueline-Clair KOUANGOUA, le candidat KONAN Kouadio Siméon, le candidat ESSY Amara et enfin le Comité de pilotage de la Plateforme de Veille des Femmes et des Jeunes pour des Elections Apaisées et Crédibles en Côte d’Ivoire.
Il ressort de ces rencontres ce qui suit :
- concernant les Institutions de la République :
- Au titre de la Commission Electorale Indépendante :
sa légitimité, la durée du mandat du Président, la composition de la Commission, le déséquilibre entre les membres qui la composent, le nombre prépondérant des représentants du parti au pouvoir, sa dépendance et son manque de neutralité dans son fonctionnement. Il a également été dénoncé la liste électorale non consensuelle entachée de doublons.
- Au titre du Ministère d’Etat en charge de l’Intérieur et de la Sécurité et du Ministère Délégué à la Défense :
Le manque de confiance et de collaboration sincère avec l’opposition, le problème de la sécurité des lieux de vote ainsi que de la sécurisation du scrutin ont été relevés. De plus la question de la violence dans certaines localités et les difficultés d’accès à certaines régions, dues selon certains candidats à la présence des chasseurs traditionnels dits Dozos ont été évoquées.
En réponse aux griefs ainsi énoncés, le Président de la CEI a rassuré le groupe de contact de haut niveau sur la fiabilité des données contenues dans la liste électorale et a indiqué que les prétendus doublons résultent de l’existence d’homonymie et ne sauraient exister dans une liste biométrique. Par ailleurs, il nous a rapporté que des dispositions avaient été prises par les Ministères de l’Intérieur et de la Défense quant à la sécurisation du processus électoral.
- Concernant les partis politiques et les candidats indépendants, les discussions ont porté sur les difficultés de mise en œuvre des programmes de campagne à cause de l’insuffisance des moyens, de l’insécurité à certains endroits, au manque de temps, etc..
En dépit des griefs relevés, les responsables des partis politiques ont promis de se garder de poser des actes tendant à compromettre et détériorer le climat social.
Les candidats indépendants rencontrés se sont engagés pour leur part, les uns à respecter les résultats des urnes, les autres à les contester par les voies légales.
- Concernant les acteurs sociaux, régulateurs du climat social :
Le groupe de contact de haut niveau a rencontré la Directrice du Programme National de Cohésion sociale(PNCS) qui a construit un plaidoyer puissant pour une nouvelle citoyenneté ivoirienne autour du concept original des droits et obligations du citoyen pour une élection apaisée.
Poursuivant sa mission, le groupe de contact de haut niveau a rencontré le roi des N’zima kotoko, Sa Majesté Désiré Tanoe, Ancien Ambassadeur, 1er Vice-président de la CONARIV qui a souligné l’attachement profond des populations à la paix ainsi qu’au développement amorcé dans le pays pendant ces cinq dernières années. Il a ajouté que le travail de sensibilisation effectué par les rois et chefs traditionnels auprès des populations augure d’une élection apaisée.
Aux uns et aux autres le groupe de contact de haut niveau a délivré un message de réconciliation, de tolérance, de dialogue et de paix. Il leur a dit que l’essentiel aujourd’hui est la consolidation du tissu social.
RECOMMANDATIONS:
Au vu de ce qui précède, le groupe de contact de haut niveau recommande :
- Des réformes institutionnelles, structurelles et consensuelles profondes portant sur la CEI en mettant l’accent sur la présence effective de la société civile.
La révision systématique et constante de la liste électorale pour les prochaines échéances, conformément à la loi.
- Le renforcement et une meilleure organisation de la sécurité en général en s’orientant vers l’établissement d’un système de sécurité humaine qui intègre le développement du pays.
- Eu égard à la situation qui prévaut dans le pays, le groupe de contact de haut niveau estime qu’il est impérieux de renforcer le dialogue pour permettre de consolider les acquis et de parachever la réconciliation nationale, la réconciliation du peuple ivoirien avec lui-même. Le Président élu devra s’engager résolument à rassembler et à réconcilier tous les citoyens et citoyennes. Aussi, l’opposition est-elle appelée à s’inscrire dans cette dynamique de réconciliation. Les acteurs de la vie politique devront persévérer dans leur quête de dialogue pour permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver sa place dans le peloton de tête des démocraties africaines et de jouer un rôle prépondérant dans la sous-région ouest africaine. Il s’agit d’un devoir ivoirien, un devoir africain.
- Concernant la mission du groupe de contact de haut niveau : elle s’est avérée très utile pour nos démocraties en construction où le temps des élections est trop souvent un moment périlleux. Elle a besoin d’être améliorée dans sa structure et ses termes de références et disposer d’avantage de temps pour arriver de façon plus efficace à donner des réponses adéquates aux crises potentielles.
- La Côte d’Ivoire a toujours été un pays de paix tel que l’a toujours voulu son père fondateur le Président, Félix Houphouet Boigny. La paix a un coût et ce pays mérite que tous ses enfants et ceux qui y vivent investissent dans la paix !
- En fin, le groupe de contact de haut niveau remercie et félicite chaleureusement l’ONU-CI et le PNUD pour leur clairvoyance dans la mission de bons offices et de recherche de paix en Côte d’Ivoire en particulier et dans les autres pays africains. Cette mission est une première et nous pensons qu’elle doit être institutionnalisée.
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