Le COVID-19 : un obstacle supplémentaire à une meilleure prise en charge de la Gestion de l’Hygiène Menstruelle (GHM)
La communauté internationale commémore chaque 28 mai la Journée mondiale consacrée à l’hygiène menstruelle à laquelle tous les acteurs s’associent pour faire le point des avancées et des obstacles dans la promotion de la Gestion de l’Hygiène Menstruelle (GHM). L’objectif de cette célébration est de rompre le silence lié aux menstrues en diffusant l’information pour permettre aux populations et la communauté scolaire en particulier de communiquer et d’échanger sur l’amélioration de la gestion de l’hygiène menstruelle et ainsi briser les tabous associés aux menstrues.
Cette année marque la 6ème édition depuis 2014 et notre célébration sera bien particulière au regard de la pandémie Coronavirus qui sévit depuis le début du mois de février dans le monde entier. Dès que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré officiellement que la COVID était une pandémie, tous les gouvernements ont mis en place des plans de contingence pour arrêter la propagation du virus. Même si l’Afrique est pour le moment le Continent le moins sévèrement touché, nos réalités socio-culturelles font que, en sus du déficit de structures sanitaires et de personnes ressources habilités à faire face à cette pandémie, cette pandémie soulève de fortes préoccupations.
A la date du 27 mai 2020, notre Continent a comptabilisé 116.667 cas confirmés dont 46.804 cas guéris et 3.496 décès et au Sénégal, en particulier : 3.253 cas confirmés, 1.586 cas guéris, 38 décès ont été recensé malgré tous les efforts déployés pour protéger les citoyens et éviter les risques de propagation du virus. Ces efforts se sont illustrés sous forme de déclaration d’État d’Urgence, l’instauration d’un couvre-feu sur tout le territoire, en instaurant des mesures préventives telles que le port de masques , le lavage systématique des mains, l’utilisation de gel hydro-alcoolique, la pratique de la distanciation sociale, la fermeture des établissements scolaires, entre autres.
Certaines de ces mesures nous interpellent au plus haut point, puisqu’elles ont entraîné une perte importante de ressources malgré la mise en place de plan de riposte nommé FORCE COVID-19. L’objectif principal de ce mécanisme est de mettre en place un fonds destinés aux populations vulnérables, aux entreprises publiques et privées et aux sénégalais de la Diaspora, ménages.
De nombreuses initiatives citoyennes ont été également lancées telles que des levées de fonds organisées par la société civile et
des acteurs privés nationaux.
La communauté internationale quant à elle, notamment, les organisations non gouvernementales telles que OXFAM se mobilisent pour accompagner leurs partenaires dans la mise en œuvre d’ interventions qui pourraient contribuer à alléger la charge économique et sociale des ménages. Celles-ci en effet font face, à des défis énormes pour satisfaire les besoins de leurs familles étant donné que 80% de la population évolue dans le secteur informel. Ainsi, les revenus des ménages
ont diminué de manière conséquente occasionnant un arbitrage difficile entre l’achat des serviettes hygiéniques protectrices pour toutes les jeunes filles et la mère de famille et subvenir aux dépenses pressantes de cette dernière (panier de la ménagère et produits sanitaires).
En effet, les serviettes hygiéniques jetables communément utilisées par les femmes sont commercialisés sous forme de paquet de six (6) ou huit (8) serviettes hygiéniques. Sachant que la période des règles dure en moyenne quatre (4) à cinq (5) jours, il est évident qu’un seul paquet ne suffit pas à une personne pour un mois. Son coût moyen étant de huit cent francs CFA (800 FCFA), ainsi la somme de mille six cent francs CFA (1.600 FCFA) devient nécessaire pour chaque femme membre de la famille par mois soit dix-neuf mille deux francs CFA (19.200 FCFA) par an.
Sachant également que dans une famille il y a de fortes chances d’avoir une ou deux jeunes filles en plus de la mère en âge de menstrues, les familles vulnérables ne peuvent s’acquitter d’une dépense annuelle d’environ trente-huit mille quatre cent francs CFA (38.400 FCFA) à cinquante-sept mille six cent francs CFA (57.600 FCFA) par an pour satisfaire les besoins d’une bonne gestion de l’hygiène menstruelle. Par ailleurs, on note, que souvent le choix est fait en faveur des dépenses de premières nécessités au détriment de la santé de la reproduction de ses membres de sexe féminin.
Afin d’atténuer le coût financier sur les ménages vulnérables, des organisations comme Kitambaa proposent des serviettes hygiéniques lavables. Le ménage bénéficiaire d’un kit qui comprend des serviettes hygiéniques lavables pourra ainsi consacrer ses efforts et ses moyens financiers aux autres besoins de subsistance durant cette période de crise sanitaire et au-delà.
Ajouter un kit de serviettes hygiéniques lavables aux kits d’hygiène distribués dans le cadre de la réponse à la COVID-19 contribuera à diminuer le stress des femmes et des jeunes ainsi que celui de leurs époux ou pères. Cet élément complémentaire du kit d’hygiène soulagera les ménages d’une dépense incontournable durant plusieurs mois.
Pour avoir une bonne gestion de l’hygiène menstruelle, Il est fortement recommandé d’utiliser au moins trois serviettes hygiéniques dans la journée et deux pendant la nuit en sus de l’accès à l’eau et au savon. Une bonne gestion de l’hygiène menstruelle constitue un moyen de prévenir les maladies telles que les infections et autres risques liées à une mauvaise hygiène.
Selon le Pr. Ndioro Ndiaye, Présidente du Conseil d’Administration de Kitambaa, “les investissements pour adresser les conséquences sanitaires et économiques de la pandémie à la Covid-19 sont louables mais la planification budgétaire nationale ne doit pas négliger ou pire oublier ceux requis pour assurer la santé des filles et des femmes. Assurer et sauvegarder l‘hygiène menstruelle de ces cibles est un déterminant important des politiques sanitaires et économiques de nos pays. Elle contribue à la création d’un capital humain fort dont nos pays ne peuvent se faire l’économie ».
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Pour sa part le Général Mamadou Mansour Seck, Membre du Conseil d’Administration, souligne également que le Sénégal doit mettre en place des politiques publiques qui prendraient en charge la Gestion de l’Hygiène Menstruelle.
Ainsi, il est impératif que le gouvernement du Sénégal notamment les ministères en charge de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, de l’Education nationale, et de la Santé et de l’Action sociale incluent dans leurs plans de riposte des kits de serviettes hygiéniques lavables adressées aux ménages vulnérables en sus de mettre en place des politiques publiques sur la Gestion de l’Hygiène Menstruelle (GHM).
Kitambaa est une entreprise sociale qui œuvre pour le maintien des jeunes filles en milieu scolaire et à l’autonomisation des femmes en mettant à leur disposition des serviettes hygiéniques lavables. Dans le cadre de ses activités, elle développe des modules de formation à la gestion de l’hygiène menstruelle (GHM) et fait du plaidoyer pour l’inclusion de la GHM dans les politiques publiques en Afrique et au Sénégal en particulier. En outre, Kitambaa sensibilise les jeunes filles et les femmes sur les conséquences néfastes qu’une mauvaise hygiène menstruelle pourrait avoir sur leur santé, leur bien-être, leur éducation et leur environnement.
Pour plus d’informations, contactez Kitambaa au 77 723 8958 ou par email yaye@kitamba-women.com
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