Thème « Femmes, Leadership et Sécurité » en Côte d’Ivoire : La participation de la femme dans la prise de décision en Afrique de l’Ouest. – Juin 2015
Objectif : renforcer les capacités des femmes leaders et les sensibiliser sur l’importance et la prise en compte du genre dans le secteur de la sécurité afin qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle de leader dans le cadre du processus de réforme du secteur de la société en Côte d’Ivoire.
Dans le cadre de l’un de ses principaux objectifs qui est d’accompagner le processus d’intégration de l’égalité femme – homme dans les différents programmes gouvernementaux et non gouvernementaux du continent Africain,
AMLD a présenté les deux études qu’elle a réalisées sur et les deux études ont été transmises à l’ONUCI.:
- Le Leadership de la Femme et sa Responsabilisation dans la Prise en Compte du Genre dans le Secteur de la Sécurité.
Trop souvent, les processus de la RSS ont tendance à se focaliser sur les budgets et les effectifs de défense et de sécurité, au lieu des individus et des communautés.
Cependant, Bien qu’il y ait encore des défis à relever, l’importance de l’inclusion des femmes dans la RSS est de plus en plus reconnue. Cette réforme est rendue obligatoire par un nombre grandissant de lois et de politiques qui représentent une porte d’entrée pour celles qui veulent participer.
De nouveaux plans nationaux d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 confient la responsabilité de cette inclusion aux gouvernements nationaux où des femmes ont plus de chances d’avoir une certaine influence. Il en est ainsi pour les premiers plans qui sont en révision ou en évaluation au cours de cette année 2015, où l’on célèbrera le 15eme anniversaire de la RES 1325 des Nations Unies . Cela signifie que les femmes ont la possibilité de participer au remaniement, mieux, à la réforme de leurs ministères, de la Défense, de leurs forces armées et de la police et participer ainsi à créer de meilleures structures de sécurité au niveau local et communautaire.
Ces trois dernières décennies ont vu l’appel et implication progressive, même si encore timide, des femmes dans la gestion des conflits dans le monde. Il en est de même pour l’Afrique qui partage et dialogue avec les autres continents au sein des Nations Unies et ailleurs sur ce sujet. Ainsi, le Conseil de sécurité des NU a campé le problème en Octobre 2000 avec l’adoption de la RES1325, suivie par d’autres aussi importantes au niveau global, régional et sous régional.
Cette résolution a demandé à tous les intéressés d’incorporer une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans les efforts de reconstruction post-conflit et de tenir compte des besoins particuliers des femmes et des petites filles.
Dans le même temps , depuis une vingtaine d’années, le concept de Réforme du secteur de sécurité prend corps dans des différents pays du monde. On a ainsi commencé à envisager le concept de réforme du secteur de la sécurité (RSS) comme un outil essentiel pour stabiliser les États fragiles, déliquescents et sortant d’un conflit, et faciliter la transition vers la paix, la stabilité et la démocratie.
La réforme des secteurs de sécurité (RSS) apporte une contribution décisive au développement de l’Etat de droit, à la stabilité des institutions et contribue à l’instauration de la sécurité humaine globalement .
Et c’est Parce que les femmes dans la société civile comme dans le gouvernement, ont des rôles importants à jouer dans la promotion d’une sécurité inclusive et durable: les deux piliers, celui de la lutte contre la pauvreté et celui de la protection contre la peur sont bel et bien des domaines d’exercice des femmes.
C’est Parce que les femmes sont dans tous les secteurs de la vie économique et qu’ elles intègrent également de plus en plus les différents secteurs de la sécurité come la Police, la Gendarmerie, les forces armées etc. qu’il faudra donc les outiller et les accompagner..
Et c’est Parce que la participation des femmes est primordiale: non seulement parce que les femmes représentent au moins la moitié de la population de nos pays, mais aussi parce que leur engagement rend leur communauté plus sûre, plus sécurisante pour les femmes et les hommes.
C’est parce que la connaissance et la maitrise des rôles dévolus aux différents secteurs de la sécurité au sein de nos pays doit se faire à travers une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des femmes en matière d’intégration du secteur de sécurité;
C’est Parce que les expériences distinctes des femmes en matière de gestion de conflits et des situations de violence, ainsi que leurs connaissances au sujet des priorités de leurs communautés, peuvent aider le processus de la RSS à véritablement refléter les besoins locaux en matière de sécurité.
C’est parce qu’il faut savoir formuler des stratégies pertinentes de sortie de ces deux tendances lourdes.
Les femmes augmentent l’intérêt et le soutien de la communauté envers la RSS, leur présence dans les différentes sphères décisionnelles est donc indispensable, Exemples:
Les femmes exercent une forte influence au sein de leurs réseaux familiaux et communautaires,
Inclure les femmes dans la RSS peut aider à apporter de la crédibilité aux nouveaux systèmes et mécanismes de contrôle de la sécurité ainsi qu’à améliorer l’image des institutions du secteur de la sécurité,
Les femmes peuvent sensibiliser les décideurs à ces préoccupations de sécurité majeures et peuvent promouvoir des changements politiques subséquents; Exemples
- Exclues de la participation à la négociation de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, des représentantes des femmes leaders se sont rendues en Uganda pour réclamer, auprès du Président de l’initiative régionale, le droit à cette même négociation. Elles ont obtenu uniquement le statut d’observatrices, qui leur aura cependant permis d’élaborer une déclaration qui, de l’avis de certains témoins de l’évolution de la situation sécuritaire au Burundi, serait à l’origine de la résolution 1325, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies à sa 42137ème séance, le 31 octobre 2000.
La plateforme des femmes pour la paix en Casamance a permis a joué un rôle important au cours des dernières élections présidentielles en 2012 en interpellant les différents candidats sur leurs propositions
- Les initiatives, telles que le développement au Sénégal par exemple du plan national d’action pour mettre en œuvre la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, indiquent qu’il faut s’attendre à d’autres avancées.
- L’enseignement de la 1325 aux gouverneurs, chefs de service du développement communautaire dans chaque région dont la cartographie indique germes conflits (rapport dispo)
- En Libye, l’OSC La Voix des femmes libyennes (VLW) a récemment procédé à une évaluation de la sécurité des femmes qui a reçu beaucoup d’attention de la part du ministère de l’Intérieur et de la Défense
Les femmes peuvent aussi aider à la mise en œuvre de la RSS dans leurs communautés:
Les femmes sont des partenaires essentielles dans certains types de programmes de RSS tels que le désarmement, la démobilisation, la réintégration de combattants et le contrôle des armes dans les communautés .
Exemples: -Congo: pour sortir de la guerre, les femmes congolaises ont décidé de s’impliquer fortement dans la résolution du conflit, en participant activement aux diverses négociations pour l’instauration de la paix dans le pays. Pour faire entendre leurs voix, elles ont formé un front commun pour dire non à la guerre, non à l’agression du Congo, non au pillage systématique des ressources naturelles et minières du pays, et oui à la cessation des hostilités, oui à la protection des vies humaines, au dialogue entre forces politiques et sociales congolaises et à la paix.
-La participation des femmes aux négociations était faible au départ : 6/68 (soit 9%) à Gaborone, 52/320 (soit 16%) à Sun City, 24/80 (soit 30%) aux négociations informelles de Pretoria et 47/360 (soit 13%) au Dialogue inter-congolais de Pretoria qui a conduit à la signature, le 17 décembre 2002, de l’Accord Global et Inclusif.
-Soudan: Plusieurs mois avant l’adoption de la résolution 1325 (2000), en République somalienne, Asha Hagi Elmi constitua un sixième clan composé exclusivement de femmes, pour revendiquer la participation des femmes aux pourparlers de paix à Arta, Djibouti, car les cinq principaux clans somaliens siégeaient à la table des négociations, mais en avaient exclu les femmes
Les femmes peuvent prendre en charge le processus de contrôle:
Exemples: L’organisation de conférences- débats sur la prise en compte du genre dans la Constitution post-transition,dirigent avec compétence et détermination des associations en rapport avec le rétablissement de la paix et la résolution pacifique des conflits (ex: les Femmes du Burundi) Grâce à leur expérience unique des conflits et leurs solides réseaux communautaires, les femmes sont bien positionnées pour engager la responsabilité du secteur de la sécurité Les femmes agissent en menant des recherches, des activités de plaidoyer et des campagnes de sensibilisation du public.
Comment les femmes travaillant au sein d’institutions du secteur de la sécurité font changer les choses ?
Tout comme les femmes de la société civile rendent le secteur de la sécurité plus efficace, les femmes qui travaillent au sein des institutions du secteur de la sécurité aident ces dernières à mieux tenir compte des besoins de toute la communauté (ex: formation du personnel féminin du secteur de la sécurité du Sénégal en 1325 et en genre et RSS).
La lutte des femmes pour la promotion des droits humains notamment les droits politiques, la suppression des dispositions discriminatoires à l’égard de la femme, la défense des droits de l’enfant, le droit au travail etc. peut favorablement aider à installer un climat de paix et de stabilité.
La présence de plus de femmes dans la police peut améliorer la prise en charge de la violence conjugale et sexuelle en particulier.
Il existe des preuves irréfutables, notamment en RDC et Sierra Leone, selon lesquelles les femmes victimes de violence sexuelle sont plus susceptibles de dénoncer ces crimes à une policière ou à un poste de police pour femmes qu’à un policier dans un poste de police standard
les femmes traumatisées par des crimes subis pendant un conflit sont souvent réticentes à parler librement à un agent de police masculin mais sont prêtes à communiquer avec des agents de police féminine.
La RSS est souvent considérée comme une question appartenant au domaine de la « sécurité pure et dure » qui doit être résolue (en secret) par des « experts » (en général des hommes) :
Il est présumé que les femmes ne possèdent aucune compétence en matière de sécurité.
Beaucoup de politiques et d’examens de sécurité nationale sont axées sur les menaces étrangères contre l’État, au lieu de la sécurité communautaire où les femmes ont tendance à être plus impliquées.
Il a été noté que les conseillers internationaux et nationaux en matière de RSS ne comprennent pas toujours suffisamment bien l’importance d’une large participation des populations au processus de RSS et n’ont pas les compétences nécessaires afin d’impliquer les hommes comme les femmes
Les processus de la RSS n’ont souvent pas de budget prévu pour aider à accroître la participation à large échelle des hommes et des femmes.
Des préoccupations concernant la sécurité personnelle peuvent empêcher les militants de la société civile de faire entendre leur voix.
Lire la suite dans les doc de la Mediatechque
- La participation de la Femme dans la Prise de Décision en Afrique de l’Ouest
Introduction La Femme Africaine est centrale. Elle est incontestablement une référence. Elle est lélément stable de linstitution sociale dont elle marque sans doute pour des raisons historiques et de contexte, les valeurs et les styles, les choix et les pratiques. Lhistoire, les mythes, les idéologies religieuses ont tour à tour témoigné du rôle quelle joue dans lélaboration et la mise en place des valeurs de la civilisation. )l est clair, les relations des femmes avec le pouvoir sinscrivent dans la polysémie du terme. Comment tout à la fois le pouvoir singulier, se vide de cette présence féminine lorsquil désigne la figure centrale de lEtat et se remplit dun surinvestissement fantasmatique lorsquil devient pluriel ? Si elles nont pas de pouvoir, nont – elles point des pouvoirs ?? Ce renversement, sil est juste, démontre les positivités à lintérieur de la culture propre aux femmes et présente quelques risques car il conforte la thèse du pouvoir social des femmes que soutiennent ceux qui ont bien lintention de rester là. Dans tous les pays du monde, les femmes sont peu représentées dans les hautes instances de décision et dans les instances politiques et limportance quon leur accorde en tant quéléments transmettant le pouvoir politique, ne leur donne cependant pas la possibilité daccéder aux hautes fonctions politiques dévolues aux hommes. Lhistoire regorge dexemples de manifestations ou dactions de femmes ayant influencé la décision de lautorité politique. De nombreux travaux ont révélé la résistance des femmes, lors de la conquête ou pendant la période coloniale en Afrique. Souvent déclenchées par des décisions de lautorité coloniale qui
contrevenaient directement à leurs intérêts économiques, les révoltes des femmes ont conduit à des remises en question dordre directement politique. En Afrique de lOuest, les femmes commerçantes ont combattu au Togo, au Ghana, au Nigeria, au Sénégal ou en Côte-d)voire, à diverses reprises, de telles décisions : ce furent en général des réactions contre des créations dimpôts ou de taxes, linstitution de péages ou dautres décisions économiques quelles jugeaient insupportables. En défendant ainsi leurs droits ou des intérêts économiques en de multiples occasions, les femmes ont joué indirectement un rôle politique. Mais elles ont aussi entrepris, de manière plus consciente et autonome, des actions décisives dans le champ politique : la révolte des Loméennes en 1933, la marche des femmes ivoiriennes sur Grand-Bassam en 1949, celle des Sénégalaises, en 1947-1948, en sont des illustrations. Leur contribution déterminante aux luttes pour lindépendance politique en Afrique subsaharienne comme dans le Maghreb est établie mais aussi, malheureusement le fait quelles ont été ensuite, contrairement à leurs espérances, à nouveau reléguées à la sphère domestique et écartées de la vie politique. La sous- représentation des femmes africaines dans les organismes de décision continue dêtre une réalité, un truisme, une plaie béante et saignante et cette situation attenue les dispositions de diverses organisations internationales et régionales. Pire, peu de pays atteignent le pourcentage de 30% fixé par les Nations Unies pour la présence des femmes dans les organismes de décision.
I – Participation des Femmes Africaines à la Vie Politique de leurs Pays : Faits et chiffres Ces dernières décennies sont caractérisées par ladoption de nombreux textes relatifs à légalité, à léquité des sexes et au renforcement du pouvoir des femmes : la Convention sur lElimination de toutes les Formes de Discrimination à lEgard de la Femme CEDEF , la Plate Forme daction de Dakar , le Programme dAction de Beijing , la Politique Genre de la CEDEAO (2002), le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l(omme et des Peuples relatifs aux droits de la femme en Afrique , la Déclaration Solennelle des Chefs dEtats de lUnion Africaine sur légalité entre les hommes et les femmes en Afrique de lOuest , la Politique Genre de lUnion Africaine , la Résolution sur Femmes, Paix et sécurité (2000) et les résolutions connexes 1820 (2008), 1888 et 1889 (2009) du Conseil de Sécurité des Nations Unies. En Afrique subsaharienne, comme au Maghreb, les femmes ont ressenti elles aussi lurgence de réformes politiques et ont été de ce fait à la pointe des revendications populaires pour une démocratie multipartiste. Dans les pays africains secoués par la revendication démocratique, les femmes ont joué un rôle de porte – flambeau des revendications populaires et davant-garde de la lutte politique. On les a vu investir le terrain politique lors des tentatives démocratiques, mais on peut se demander si elles ont suffisamment capitalisé cet investissement pour participer enfin réellement aux décisions politiques ?
Malgré les engagements pris par les Etats à travers les instruments juridiques et les quelques avancées enregistrées, les femmes ne jouissent pas des même droits ni des mêmes opportunités que les hommes. A cela sajoute la féminisation croissante de la pauvreté et limpunité permanente contre les auteurs de violences basées sur le genre. Labsence dégalité homme/femme aux hautes fonctions politiques ou administratives, aux fonctions électives peut être perçue comme une violence politique. La sous – représentation des femmes dans les institutions devient difficile à réformer car les principales personnes concernées, (les femmes), ne sont pas toujours suffisamment associées aux réflexions et à lélaboration des politiques. Cela est dautant plus vrai que le niveau dorganisation et de coordination des organisations de promotion des droits de la femme nest pas de nature à ébranler le rapport de forces ou à jouer un rôle de persuasion et de dissuasion en faveur des droits politiques de la femme auprès des décideurs. Il est donc important de souligner quau moment o‘ de nombreux pays africains, dont la Côte d)voire, singénient à lexercice démocratique, lequel rime avec linstauration dun Etat de droit et que la nécessité dune intégration concrète et totale de la dimension genre dans les politiques et programmes définis à léchelle mondiale, régionale et nationale, porter un regard sur la participation politique de la femme apparaît comme un sujet majeur de réflexion. Les femmes comptent pour seulement 21% des décideurs politiques dans le monde. Mais même dans ce secteur à la traine, des progrès sensibles ont été réalisés ces dernières années. «Dans le cas de la politique, globalement dans le monde, il y a maintenant 26% de parlementaires femmes en plus et 50% de femmes ministres en plus par rapport à il y a neuf ans».